« Les Gouttes de Dieu », un manga né de la passion japonaise pour les vins


Avant de s’arracher dans les librairies françaises, le manga Les Gouttes de Dieu a connu un énorme succès sur sa terre de naissance, le Japon. Rien de surprenant dans un pays adepte des mangas à thématique culinaire, en témoigne la folie du Gourmet solitaire, mais aussi grand amateur de vins.

L’idée des Gouttes de Dieu, de sa quête du vin divin et de ses douze apôtres vient d’ailleurs de passionnés de la dive bouteille : le romancier, auteur de théâtre, ancien de la maison d’édition Kodansha et scénariste de manga, Shin Kibayashi, et sa sœur mangaka, Yuko, qui signent le texte sous le pseudonyme Tadashi Agi, le dessin étant assuré par Shu Okimoto.

Tout est parti de la dégustation d’un échézeaux 1985. « J’ai eu l’impression d’être frappée par la foudre », expliquait Yuko Kibayashi en 2021 au magazine Nikkei XTrend. A partir de la découverte de l’excellent bourgogne du Domaine de la Romanée-Conti, les Kibayashi ont acheté autant de vins que possible et disposent aujourd’hui d’une cave de 4 000 bouteilles.

Les crus français dominent

Puis est venue l’idée de faire de cette passion un manga, pour « dévoiler le monde que le vin nous permet de découvrir », en s’appuyant sur les images nées de la dégustation. « Un soir où nous avions ouvert une bouteille, ma sœur m’a dit : “Ce vin est comme une femme.” Oui, c’était bien une femme à l’allure élancée, avec de longs cheveux noirs. J’ai appris à connaître le vin par l’image plutôt que par le goût », ajoute le scénariste, connu pour son feutre mou, ses lunettes noires et sa fine moustache.

Le manga ne présente que des vins que les Kibayashi ont goûtés et aimés. Les crus français, et dans une moindre mesure italiens, dominent, avec quelques touches du Nouveau Monde. Y sont servis un échézeaux mais aussi un Château Margaux 1981 ou un Fleurot Larose, un montrachet 1991. « Je l’avais ouvert dans un restaurant de sushis et dès que je l’ai versé dans un verre, un arôme incroyable s’est répandu dans le restaurant. Le propriétaire a même voulu le goûter », se souvient M. Kibayashi.

Le succès du manga, paru en 2004 dans le magazine Morning, est immédiat. Fin 2021, plus de 15 millions d’exemplaires de la série terminée en 2015, après 44 volumes et 439 épisodes, avaient été vendus dans le monde. Le manga a donné lieu à un feuilleton à la télévision nippone en 2009, un jeu en ligne en 2011 et une série française en 2023. Shin Kibayashi fut même convié pour préparer la sélection des vins servis aux dirigeants réunis pour le sommet du G7 d’Ise-Shima (centre du Japon), en 2016.

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